Il y a 400 ans, le moustique Aedes aegypti, originaire d’Afrique, était introduit en Amérique du Sud. Actuellement, alors qu’il existe plus de 235 espèces de moustiques en Guyane, Aedes aegypti est considéré comme le principal vecteur des virus de la dengue, du chikungunya et du zika dans la région. Stanislas Talaga a soutenu sa thèse le 8 juin dernier au sein de l’UMR EcoFoG. Ces trois dernières années, il a travaillé sur les interactions qu’entretient Aedes aegypti avec les autres espèces de moustiques, en se focalisant sur les interactions ayant lieu dans les gîtes larvaires. Le jeune scientifique indique : « Aedes est gêné dans sa dispersion par deux espèces autochtones ». Un compétiteur, Limatus durhamii, et un prédateur Toxorhynchites haemorrhoidalis. Il considère ces deux espèces comme des « agents de lutte biologique crédibles » et va jusqu’à proposer des lâchers d’adultes et des introductions de larves afin de consolider les populations. Déjà présentes en Guyane, le renforcement de celles-ci n’aurait que peu d’impact sur les écosystèmes et pourrait venir compléter les méthodes de contrôle utilisées à l’heure actuelle. De plus, les moustiques Toxorhynchites, dont les larves sont prédatrices, se nourrissent exclusivement de nectar à l’âge adulte. Cette étude montre combien la biodiversité est une richesse dont la connaissance fine peut conduire à de nouvelles solutions de lutte anti-vectorielle. Les moustiques ne sont donc pas tous de vilaines bestioles qui piquent !

Photos : Scène in vivo de prédation entre deux larves de moustiques d’espèces différentes, agrandis environ six fois. Crédit Hadrien Lalagüe