La société minière Gold’or, propriété de la famille Ostorero a été condamnée à « 100 000 € avec sursis » vendredi par le tribunal correctionnel de Saint-Laurent-du-Maroni pour des faits de pollution environnementale.

C’est une décision inédite. Et sa portée est d’importance vue la personnalité des gérants.

La société minière Gold’or, propriété de la famille Ostorero, a été condamnée à « 100 000 € avec sursis »* vendredi 4 décembre 2020 par le tribunal correctionnel de Saint-Laurent-du-Maroni pour des faits de pollution environnementale nous ont confirmé des sources concordantes. Les magistrats n’ont pas suivi le ministère public, qui avait requis « 80.000 € dont 40.000 euros avec sursis ».

Pour la première fois, en Guyane, le tribunal a aussi reconnu le principe de « préjudice écologique » et condamné la société à « 1 € symbolique ». La société devra aussi verser quelques milliers d’euros de dommages et intéret à l’office national des forêts (ONF) qui avait saisi la justice, et aux deux associations de défense de l’environnement, Guyane nature environnement et France nature environnement, qui se sont portées parties civiles.

En juillet 2018, des agents de l’ONF avaient constaté une « pollution » par des particules en suspension, de type boue, au niveau de la crique Kokioko, où se situe la mine d’or artisanale de Gold’or à Mana, co-dirigée par Carol Ostorero, la présidente de la fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg).

Maître Marcault-Desrouard, avocat de la société Gold’or a annoncé ce vendredi qu’il ferait « très certainement » appel de la décision du tribunal de Saint-Laurent. Cette décision est « complètement incohérente (…) Je persiste : tout est nul au niveau de la procédure. Devant la cour d’appel ça ne peut pas être validée » a exprimé l’avocat.

Selon l’avocat de l’ONF, Maître Sébastien Mabile, « toutes les nullités » soulevées par la partie adverse auraient été « rejetées » par le tribunal. L’avocat s’est dit « très satisfait » du verdict. Cette décision est un « avertissement important » a-t-il ajouté car « la présidente de la Fedomg se doit d’être exemplaire d’autant qu’elle prétend porter un autre projet minier respectueux de l’environnement ».

Car la famille Ostorero, qui détient 100 % du capital social de la Compagnie minière Espérance, envisage l’implantation, en pleine forêt, d’un complexe inédit industriel et semi-industriel d’exploitation d’or dans l’ouest guyanais, sur les communes d’Apatou et de Saint-Laurent du Maroni, en partenariat avec la multinationale américaine Newmont. (Lire notre article ici https://www.une-saison-en-guyane.com/article/web/compagnie-miniere-esperance-la-concession-de-la-famille-ostorero-relance-la-question-de-la-mega-mine-dor-industriel/

Ce partenariat et le pré-projet, dit « Espérance » – qui en est « encore au stade d’étude » selon CME, avait obtenu le 29 avril 2020 un avis favorable de la commission départementale des mines de Guyane.

« Il semble aujourd’hui inconcevable que l’on puisse accepter un projet de méga-mine très polluant à des gérants peu regardants sur les normes environnementales sur leur mine en activité » a condamné de son côté, Guyane nature environnement, partie civile.

* L’amende de « 100 000 € avec sursis » signifie que la société n’a pas à s’acquitter des 100 000 €, mais si elle est reconnue coupable d’un nouveau délit dans les cinq prochaines années, le tribunal pourra décider de lui faire payer cette amende.