Le mois d’avril marque le pic de ponte des tortues vertes (Chelonia mydas) dansla région : c’est aussi l’opportunité pour les partenaires du projet CARET2 de renforcer leurs interventions coordonnées entre la Guyane et le Suriname. Point d’orgue de ces efforts, le déploiement concerté d’un total de 16 émetteurs satellite sur des tortues vertes, qui permettront de lever le voile sur de nombreuses questions portant sur la biologie de l’espèce. L’ensemble des informations acquises par le projet est mise en ligne sur http://guyane.wwf.fr

La tortue verte fait partie des trois espèces de tortues marines pondant chaque année en grand nombre sur les plages des Guyanes. Si la tortue luth (Dermochelys coriacea) bénéficie d’un effort de suivi et de protection depuis plus de trente ans, la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) n’a été plus spécifiquement étudiée que depuis 2005. Et c’est au tour de la tortue verte de voir une gamme complémentaire d’interventions se dérouler à son profit : suivi de sites de ponte spécifiques, étude génétique, et suivi satellite sont menés de manière concertée via le projet CARET21, du Plan de Restauration des tortues marines de Guyane.

Ainsi, afin de mieux connaître les déplacements des tortues vertes entre leurs pontes, un total de 11 balises Argos a d’ores et déjà été déployé, de part et d’autre de l’estuaire du Maroni. Cette région est particulièrement importante pour cette espèce, qui fréquente essentiellement pendant la saison des pontes l’ouest de la Guyane, et l’est du Suriname, eaux particulièrement sujettes aux pressions de pêche illégale.

En 2008, plusieurs cadavres de tortues vertes avaient été retrouvés dans un filet abandonné. A ce jour, ce sont 11 tortues vertes, dont 8 équipées depuis les plages du Suriname (réserve naturelle de Galibi), et 3 depuis la Guyane (réserve naturelle de l’Amana) qui nous renseignent sur l’occupation et l’utilisation de cet espace maritime transfrontalier. La qualité des émetteurs (couplage d’enregisteurs GPS et
de balises Argos) permet une grande précision de localisation, ainsi que l’enregistrement d’autres paramètres importants (température de l’eau, profondeur…) qui décriront de façon tout à fait inédite le comportement de plongée de la tortue verte dans la région. En fin de saison de ponte, 5 autres tortues vertes seront suivies, afin de mieux renseigner les déplacements migratoires de l’espèce. Ainsi, en l’espace de quelques mois et grace à un soutien spécifique du CNES, pas moins de 16 tortues vertes auront été équipées de ces systèmes de localisation2, permettant à la région des Guyanes d’apparaître dans le peloton de tête des efforts d’étude et de protection des tortues marines au niveau mondial. Ces efforts apparaissent  particulièrement important dans un contexte de maintien de menaces identifiées (pêches illégales) ou en cours de renforcement (prospections pétrolières, changements climatiques).

1 Le projet CARET2 (Coordinated Approach to Restore Endangered Turtles) associe l’association Kwata, le Parc Naturel Régional de Guyane, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, et le WWF
Guianas (Suriname). Porté par le WWF-France, bureau Guyane, il bénéficie du soutien du PO Amazonie, du Ministère en charge de l’Ecologie, et du CNES.
2 équipement des animaux via prestation CNRS pour le PNR.