Guadeloupe – La fouille préventive qui s’est terminée en mai 2021 dans la zone du Petit Pérou, sur la commune des Abymes, a livré une abondante moisson de vestiges précolombiens remontants à l’âge dit « Céramique récent » (aux alentours des XIe et XIIIe siècles) : des centaines de trous de poteaux, seuls témoins d’habitations aujourd’hui disparues, une cinquantaine de fosses circulaires contenant quantité de tessons de poteries et de restes alimentaires (coquillages, restes osseux de rongeurs et d’oiseaux, etc.) et, surtout, 122 sépultures précolombiennes. « Les sépultures ne sont pas rares dans les Antilles mais une telle densité est exceptionnelle », s’enthousiasme Martjin van den Bel, l’archéologue de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) qui a codirigé le chantier avec Nathalie Serrand. Fait classique chez les Amérindiens, les défunts (adultes et enfants de tous âges, femmes et hommes) ont été déposés seuls ou à plusieurs dans des petites fosses circulaires ou ovales en position fœtale, les jambes repliées sur le thorax et maintenues à l’aide de liens ou de sacs. « Mais la spécificité est leur grand nombre, ce qui permet d’avoir un lot statistiquement significatif. Nous avons pu ainsi constater qu’il existait sur les quelque 11 000 m2 fouillés une trentaine de clusters de sépultures, c’est-à-dire des groupements de tombes adossées aux murs des maisons ou à l’intérieur. Ce qui laisse supposer un lien entre les défunts sans que l’on sache encore lequel. Familial, de maître à esclave ? De même, nous ignorons encore l’âge précis de toutes ces sépultures, qu’elles soient isolées ou groupées et donc leur chronologie », poursuit le scientifique. L’analyse des échantillons osseux et dentaires prélevés (ADN, isotopes…) et leur datation apportera dans les mois à venir de nouveaux éléments de réponse, y compris sur leur régime alimentaire, leur état de santé et leur mode de vie.

122 sépultures précolombiennes ont été mises au jour sur le site de Petit Pérou, en Guadeloupe. Les défunts ont été déposés dans des fosses circulaires ou ovales en position fœtale. Photo Inrap