AmazonieSous l’effet du changement climatique et de la déforestation, les forêts tropicales perdent peu à peu leur capacité à absorber le CO2 de l’atmosphère. Mais la situation se dégrade très vite, avertissent aujourd’hui des chercheurs dans une étude publiée par la revue britannique Nature, en particulier en Amazonie. Wannes Hubau, du Musée royal de l’Afrique centrale, à Bruxelles et ses collègues ont suivi la croissance des arbres et leur mortalité entre 1968 et 2015 sur 565 parcelles de forêt intacte, en Amazonie et en Afrique. Premier constat : le pic de séquestration du carbone par ces forêts a eu lieu dans les années 1990. Elles absorbaient alors l’équivalent de 17 % des émissions de CO2 générées par les activités humaines à cette époque. Mais ce chiffre est tombé à seulement 6% dans les années 2010, alors même que les émissions ont continué d’augmenter. En fait, l’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère a dans un premier temps boosté la croissance des arbres. Mais cet effet fertilisant est de plus en plus contrebalancé par la hausse des températures et la multiplication des sécheresses qui ralentissent cette croissance, voire provoquent la mort des arbres. D’où un déclin des capacités de stockage. Lequel s’avère plus précoce et plus rapide en Amazonie qu’en Afrique. Les sécheresses y ont entraîné des épisodes massifs de dépérissement et une baisse de la capacité de séquestration d’un tiers en vingt ans ! Les massifs forestiers d’Afrique tropicale ont mieux résisté jusqu’à ces dernières années du fait de leur situation (à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer) et des températures inférieures de 1,1 °C en moyenne à celles de l’Amazonie. Mais à ce rythme, l’Amazonie pourrait rejeter davantage de CO2 qu’elle n’en absorbe d’ici à 2040, et les forêts d’Afrique d’ici à 2060. (W. Hubau et al. Nature 579, 2020)

Crédit: Pierre-Olivier Jay