Alors que les chiffres sont à nouveau à la hausse — en Amazonie brésilienne notamment (+ 22 % entre août 2017 et mai 2018) — le Guyana affiche un taux de déforestation au plus bas depuis 2010. Le pacte de verdissement passé avec la Norvège semble porter ses fruits. 

En 2017, le Guyana a enregistré son taux de déforestation le plus faible depuis 2010, année où le pays a mis en place un programme national de surveillance (MRV). Selon les données de la Commission forestière du Guyana (GFC), le taux de déforestation en 2017 était de 0, 048 % — soit 88, 5 km2 — contre 0, 050 % en 2015 et 2016. Le Guyana publie chaque année ses données suite à un accord lucratif passé en 2009 avec la Norvège, concernant le climat et la forêt. Dans le cadre du mécanisme de Réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts (REDD+), l’ex-Guyane britannique s’est engagée à préserver sa forêt, qui couvre 87 % du territoire national, soit 184 500 km2. Pradeepa Bholanath, cadre au GFC, attribue la perte de ces 88, 5 km2, « principalement à l’exploitation minière, puis à l’exploitation forestière, à l’agriculture et autres facteurs. »
Charles Hutchinson, du WWF Guyana, se dit optimiste quant à l’avenir de la forêt guyanienne : « C’est un résultat remarquable, alors que la déforestation augmente dans une grande partie de l’Amazonie, et en dépit d’un cours relativement stable de l’or depuis 2013. [Ce bon résultat reflète] les efforts importants [des autorités guyaniennes] visant à régulariser et à améliorer les pratiques minières. Et de poursuivre : « Avec la réduction des concessions forestières, il y a moins de voies d’accès ouvertes par les bûcherons, ce qui diminue d’autant l’activité minière opportuniste. » Autre facteur mentionné par Hutchinson : l’interdiction d’exercer pour la société forestière Bai Shan Lin qui de 2013 à 2014 avait « percé des routes dans la forêt vierge que les orpailleurs empruntaient [pour explorer de nouveaux placers].» Enfin, Hutchinson a évoqué la découverte de pétrole au large des côtes du Guyana (la production devrait commencer en 2020), ce qui aurait poussé les investisseurs à rediriger leurs capitaux de l’intérieur — et des mines — vers le littoral guyanien.

Simple fruit de la conjoncture ?
Janette Bulkan, professeure en gestion des ressources forestières à l’Université de la Colombie-Britannique et spécialiste du Guyana, attribue la réduction de la déforestation aux forces du marché : « Le taux de déforestation annoncé est lié à un niveau d’activité plus faible dans l’orpaillage artisanal [petits et moyens opérateurs] et à une demande en bois plus sélective de la Chine. » Selon madame Bulkan, qui par le passé a beaucoup critiqué les pratiques et rapports de la GFC, ce chiffre est un effet d’annonce et ne reflète pas les progrès du gouvernement sur le terrain : « Il n’y a eu aucun changement positif dans les politiques ou les pratiques de la Commission guyanienne de géologie et des mines [GGMC] ou du GFC pour réduire la déforestation. »
Source : « Guyana deforestation rate hits 7-year low, officials say », Mongabay, 19/10/18. Mongabay /Mongabay.com/Site indépendant spécialiste de l’environnement et de la forêt pluviale fondé en 1999 par Rhett Ayers Butler

Accord de partenariat volontaire

Le gouvernement guyanien doit signer un accord de partenariat volontaire (APV) avec l’Union européenne. Contre le versement de 1,8 million U$, le Guyana devra s’assurer que son bois destiné au marché européen n’est pas issu de l’exploitation forestière illégale.

Légende:  Guide de la réserve Iwokrama devant les montagnes tortues du Guyana. Photo P-O Jay