Le Mexique va acheter du riz au Guyana
Début novembre, le Mexique a annoncé qu’il allait s’approvisionner en riz sur le marché guyanien. Une aubaine pour la filière rizicole guyanienne. Depuis quelques mois, Georgetown est en quête de nouveaux débouchés à l’international pour pallier la récente perte du marché vénézuélien. En juillet dernier, le gouvernement chaviste de Nicolás Maduro avait annoncé qu’il n’allait pas renouveler l’accord pétrole contre riz signé dans le cadre du programme PetroCaribe. Cette décision a été prise dans le contexte d’un différend frontalier qui envenime les relations entre les deux voisins sud-américains. (Cf. Une Saison en Guyane n°15)
Jusqu’à présent, le programme PetroCaribe permettait au Guyana d’écouler de gros volumes de riz sur le marché vénézuélien. En 2012, le Vénézuéla avait absorbé les deux tiers de la production guyanienne. En 2015, l’accord portait sur 200 000 tonnes, soit environ 40% de la production totale. En contrepartie, le gouvernement bolivarien fournissait du pétrole à son voisin anglophone, ce qui couvrait environ la moitié de ses besoins énergétiques.
Depuis l’an dernier, le Guyana enregistre des productions record de riz. Ainsi la récolte du premier semestre 2015 a atteint 359 960 tonnes, contre 312 283 tonnes l’an dernier pour la même période, soit une hausse de 15,3%. (Caribbean360, 3/11/15 – KaiteurNews, 15/4/13)

Guyana et Suriname doivent résoudre leur différend frontalier par le dialogue
Le 2 novembre dernier, Gregory Quinn, haut-commissaire britannique au Guyana et ambassadeur non résident au Suriname, a exhorté les gouvernements du Guyana et du Suriname à maintenir leurs contacts bilatéraux dans le but de résoudre leur problème de frontière. Interrogé sur la motivation réelle du Suriname à revendiquer à nouveau la région du Tigri (New River Triangle), Quinn a répondu : « Il ne nous appartient pas de spéculer sur les motifs qui se cachent derrière les récents commentaires du Suriname. » En toile de fond, les visées expansionnistes du Vénézuéla qui revendique les deux tiers du territoire guyanien – ladite Zona en Reclamación, riche en ressources minérales et naturelles, en pétrole notamment. Les revendications du Suriname portent également sur une zone potentiellement riche en hydrocarbures. (The Daily Herald, 3/11/15)

États-Unis et Guyana discutent du « tout-puissant » voisin vénézuélien
En marge du Sommet mondial du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert* à Mexico (27-29 oct.), le Premier ministre guyanien Moïse Nagamootoo et la ministre de la gouvernance Raphaël Trotman se sont entretenus avec Samantha Power, représentante permanente des États-Unis à l’ONU. Au cœur des discussions, le différend frontalier entre le Guyana et le Vénézuéla.
Lors de son intervention devant les représentants des pays membres, Nagamootoo a aussi fait part de la menace que représente le Vénézuéla pour son pays, qui agit « en violation flagrante du droit international et de ses obligations conventionnelles » Et d’argumenter son propos : « Le Vénézuéla réclame 5/8e du territoire guyanien, ce qui englobe une bonne part de [nos] ressources forestières et minérales ainsi que [notre] zone maritime exclusive. Le Vénézuéla a même tenté de bloquer l’exploration pétrolière au large de [nos] côtes et aussi l’extraction aurifère sur [notre] propre territoire. Enfin, le Vénézuéla [nous] impose un embargo commercial en refusant désormais d’acheter [notre] riz et de [nous] vendre son carburant en dépit des accords PetroCaribe. »
Courant octobre, le Vénézuéla s’est tourné vers le Suriname pour assurer son approvisionnement en riz en vertu de ces mêmes accords. Les deux chefs d’Etat, le vénézuélien Nicolas Maduro et son homologue surinamais Desi Bouterse ont alors conclu un accord de « principe » qui devrait être finalisé très prochainement. (GINA, 5/11/15)

Des milliers de Surinamais mobilisés contre le mercure
Samedi 7 novembre, à Paramaribo, plusieurs milliers de personnes ont participé à une marche pour dire non au mercure. Cet événement est venu clore une semaine de mobilisation nationale contre le mercure dont les rejets constituent un danger pour l’environnement et la santé humaine. L’animation a débuté dans le parc public du Palmentuin en présence du ministre des Ressources naturelles, Regillio Dodson, qui s’est engagé pour un « Suriname sans mercure ». Bien qu’il soit interdit à la vente, le mercure est surtout utilisé dans le milieu de l’orpaillage pour amalgamer l’or. De nombreux artistes ont sensibilisé le public à travers divers ateliers installés le long du parcours. L’organisatrice de la campagne Hennah Draaibaar est plus que satisfaite de la participation. « De plus en plus de gens sont sensibilisés. Dans certains endroits [à Paramaribo], il y a plus de vapeurs de mercure dans l’air que dans [les zones d'orpaillage à] l’intérieur du pays. Nous devons vraiment faire quelque chose pour résoudre ce problème », a-t-elle souligné. La campagne contre le mercure a mobilisé environ 25 000 personnes à travers le pays. (Starnieuws, 8/11/15)

* Initiative multilatérale créée en 2011, rassemblant aujourd’hui 65 pays et de nombreuses organisations non-gouvernementales qui coopèrent pour promouvoir la transparence de l’action publique, la participation citoyenne à l’élaboration des politiques publiques, la responsabilité des acteurs publics et leur devoir de rendre des comptes, l’utilisation des solutions numériques pour atteindre ces objectifs et stimuler l’innovation démocratique. (www.modernisation.gouv.fr)

3.GuayanaCarte ci dessus : en jaune, la Guyane vénézuelienne, et en rouge hachuré, le territoire guyanien réclamé par le Venezuela.