Dans les heures qui viennent, une première fusée Soyouz partira de Guyane. Cette actualité spatiale rappelle la possibilité-déjà existante-de quantifier et de rendre disponible le suivi des principaux enjeux environnementaux par outil satellite. Deux études récentes démontrent la pertinence de cette approche concernant le suivi des impacts liés à l’exploitation aurifère.

Ainsi une étude publiée en avril 2011 et basée sur les images satellite de la région de Madre Dios au Pérou permet de mesurer un taux de déforestation (lié à l’exploitation aurifère) de 1915ha/an entre 2006 et 2009, taux six fois plus élevé que pour la période 2003-2006 (1). Cette accélération des impacts est mise en relation avec le cours de l’or fortement haussier pendant cette période (+18% par an). Selon cette étude, l’importation massive de mercure pour l’exploitation aurifère pourrait atteindre 500tonnes en 2011 au Pérou.

Dans une logique similaire, le WWF a permis la réalisation d’une étude de la déforestation liée à l’exploitation aurifère sur l’ensemble des trois Guyanes, et sur une partie du territoire de l’Amapá (soit une étendue de 525 404 km2).
Deux séries de données ont été examinées : l’année 2000 (2), et la période 2007/2008 (2). A cette échelle transnationale, aucune différenciation n’est faite concernant le type d’exploitation aurifère considérée
(légal/illégal, alluvionnaire/primaire).

Dans les Guyanes, trois fois plus d’impact en 7 ans (+/- 1 an).

Comme pour le Pérou, ces travaux (3) permettent une mesure de l’emprise de l’exploitation aurifère dans les Guyanes, en mesurant la déforestation associée.

Ainsi de 2000 à 2007/2008, la déforestation liée à l’exploitation aurifère (tous types confondus) a été multipliée par 2,93 – passant de 22 316ha à 65 464ha dans la région des Guyanes. Par ailleurs, chaque territoire a connu une augmentation comparable de la pression aurifère (hausse de la déforestation d’un facteur 3,2 en Guyane et au Suriname, et de 2,7 au Guyana).

Un observatoire régional basé en Guyane ?

Sur la base de ces études, l’une menée au Pérou, l’autre portant sur les Guyanes, le WWF invite à la mise en place d’un observatoire des pratiques aurifères des Guyanes, qui permettrait d’objectiver, et de partager, le suivi de ces impacts par étude satellite. Un suivi particulier de l’exploitation aurifère illégale pourra être mené, en comparant zones déforestées (et/ou linéaires de cours d’eau impactés), et zonage des permis aurifères attribués par Pays. Concernant la Guyane, un premier suivi de ce type est réalisé pour le territoire du Parc Amazonien de Guyane (4), et devra être étendu à l’ensemble du territoire, comme le demande la campagne www.nonalorillegal.fr
Un tel observatoire, associant représentants des gouvernements, socioprofessionnels et société civile, faciliterait la mise en place de pratiques moins impactantes auprès des filières légales, encouragerait à une coopération accrue autour de la lutte contre les pratiques illégales.

1 Swenson JJ, Carter CE, Domec J-C, Delgado CI (2011) Gold Mining in the Peruvian Amazon: Global Prices, Deforestation, and Mercury Imports. PLoS ONE 6(4): e18875. doi:10.1371/journal.pone.0018875
2 +/- un an, selon la disponibilité des images satellite.
3 Impact de l’activité aurifère sur le plateau des Guyanes. Rapport final. Etude commandée par le WWF Guianas dans le cadre du programme GSNRM, cofinancé par le DGIS, le FFEM et le WWF. Réalisation Guilhem Debarros / Pierre Joubert, ONF-DR Guyane. Disponible sur http://guyane.wwf.fr
4 Bilan des impacts de l’orpaillage illégal sur le territoire du Parc Amazonien de Guyane au 31 décembre 2010. Nicolas KARR, Alain COPPEL, Sébastien ALLO, Cécile GUITET. janvier 2011.

Découvrez et parcourez la carte grâce à l’outil loupe : Les impacts environnementaux liés à l’exploitation aurifère dans la région des Guyanes

WWF France – Bureau Guyane
Tél.: 05 94 31 38 28