Nicolas Henry est plasticien, diplômé des Beaux-Arts de Paris, de l’école nationale supérieure d’art de Cergy, et il s’est formé au cinéma à Vancouver. Il sera notamment réalisateur pour le projet 6 milliards d’autres de Yann Arthus-Bertrand, dont il assume ensuite la direction artistique, lors de l’exposition au Grand Palais début 2009. Son “ travail socio-photographique monumental” convoque les arts plastiques, l’installation, la scénographie… pour aboutir à une seule photographie finale, “ instant décisif ” déclenché uniquement à l’issue d’une construction partagée, de la mise en scène au décor jusqu’au choix du mythe, du récit ou de la légende. Le tryptique présenté ici est né d’une exposition à l’EPCC Les trois fleuves  fin 2013 suivant d’une résidence au village saamaca de Kourou. Il s’inscrit dans la série Les cabanes de nos grands parents, une quête de plusieurs années passées à réaliser plus de 400 portraits réalisés dans 40 pays afin de retracer les rêves et l’histoire des “ grands-parents ” de nos sociétés qui s’oublient. Ici, ce sont les sabiman saamacas, connaisseurs des “ fosi ten”, les premiers temps, que Nicolas Henry a rencontrés. Ils lui ont raconté la traversée océanique et “ le passage du milieu ”, les guerres et les victoires contre les Hollandais, la création de la société saamaca sur la Suriname River, l’exil des hommes pour travailler sur le littoral et en Guyane comme piroguiers pendant la ruée vers l’or, le déplacement des villages et l’inondation des cimetières sacrés coupant le lien entre les hommes et les Yuukas pendant la mise en eau du barrage de Afubaka-Brokopondo, l’exode professionnel à Kourou pour construire le centre spatial guyanais et la ville nouvelle jusqu’à la fuite ultime du cœur historique du bidonville lors de l’incendie de 2007. Ce sont ces histoires de migrations et de recompositions que nous racontent ici et maintenant ces trois images.

Texte de David Redon