Quand on pénètre dans un village ou un carbet amérindien, les objets qui attirent notre regard  sont bien souvent des vanneries. Elles constituent le mobilier le plus important de l’habitat amérindien. De nos jours en Guyane, on connaît plutôt les grandes corbeilles palikur, les éventails à feu en fibres d’awara des Kali’na, les pochettes nommées pagras en créole ou bien les fameux manarés en arouman. Mais nombre d’autres vanneries demeurent encore utilisées de nos jours dans les foyers amérindiens du littoral et de l’intérieur. La grande majorité des vanneries est tressée grâce aux fibres d’aroumans (Ischnosiphon obliquus et I. arouma, Marantacées) mais les vanniers utilisent également avec grande dextérité les fibres du palmier awara (Astrocaryum vulgare), du kunana (Astrocaryum paramaca), du muru-muru (A. sciophilum), du comou (Oenocarpus bacaba) ou du wassay (Euterpe oleracea) ou bien la liane franche (Heteropsis flexuosa, Aracées) et la liane sipo (Thoracocarpus bissectus, Cyclanthacées). De nombreuses autres plantes sont également indispensables pour ligaturer les bords, consolider les hottes, teinter les fibres ou faire office de bretelles.  Au total, plus de 100 espèces botaniques entrent dans la confection des vanneries en Guyane.  De riches motifs figuratifs ou stylisés ornent tous ces objets de grandes qualités esthétiques. Ces représentations graphiques et ces formes sont issues d’une représentation du monde particulière plongeant leurs racines dans les mythes et les savoirs empiriques de ces peuples.

Des formes et des usages

En Guyane française, il existe plus de 200 formes de vanneries différentes tressées par les Amérindiens, les Créoles ou les Noirs-Marrons. Seuls les sept peuples amérindiens de Guyane (Arawak-Lokono, Apalaï, Kali’na, Palikur, Teko, Wayana et Wayãpi) continuent à en tresser la majeure partie. Ces vanneries participent à toutes les phases de la vie de ces communautés. On les utilise pour la chasse, la pêche, l’agriculture, le transport, la cueillette, le jeu, les cérémonies, le séchage du coton, mais surtout pour la cuisine. En effet, près de 50 % des vanneries tressées par les nations amérindiennes de Guyane servent à transformer le tubercule de manioc en aliment prêt à consommer.

Manioc et vanneries
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