Depuis plusieurs années, des changements importants sont constatés au sein de la réserve de l’Amana, au niveau de la savane Sarcelle. Ce milieu humide, peu connu car difficile d’accès, est d’une complexité rare et d’une richesse trop peu valorisée. Autrefois ouvert, il est désormais plus proche d’une forêt de palétuviers, une mangrove, que d’une savane. Les causes de cette modification ne sont pas encore totalement comprises et différentes hypothèses sont aujourd’hui étudiées.

« Dans les années 1970, mes parents allaient à la pêche par la crique Candillac. Elle permettait d’accéder, à partir du bourg de Mana, directement aux lagunes de la savane Sarcelle et de rejoindre la mer. Des pirogues de plus de 10 mètres de long arrivaient à passer ! La savane était plus dégagée et plus accessible », se remémore Alain Auguste, garde de la réserve de l’Amana. Aujourd’hui la savane Sarcelle, milieu humide situé à l’ouest de la Guyane, sur le littoral, devrait plutôt se nommer “ la mangrove Sarcelle ”. En effet, depuis une trentaine d’années, les palétuviers forment un véritable labyrinthe où même le conservateur de la réserve, Johan Chevalier, se perd. « Cette zone était très fréquentée par les chasseurs. Mais actuellement, il n’y a qu’une dizaine d’entre eux qui se rendent dans les savanes, ce sont les seuls, avec les gardes de la réserve, qui ne se perdent pas sans GPS. Tous les palétuviers se ressemblent ! », dit-il en riant.
Cet écosystème fait partie de la réserve naturelle de l’Amana, classée en 1998. Elle se situe entre la rivière Organabo et le fleuve Maroni sur les communes de Awala-Yalimapo et Mana. Connue principalement pour la ponte des tortues, cette réserve abrite pourtant d’autres richesses. « On observe au niveau de la savane Sarcelle des changements qui n’existent nulle part ailleurs en France, explique le conservateur, c’est un milieu en évolution constante et rapide. C’est ce qui fait son intérêt, mais c’est aussi ce qui le rend plus difficile à gérer. Tu ne sais pas ce qui va arriver dans les deux ans qui viennent. »
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