Le bien, le mal, les bons contre les méchants, cette vision bien-pensante qu’a le monde de lui-même m’ennuie profondément et explique sans doute la facilité avec laquelle j’ai laissé la photographie m’attraper. Photographe autodidacte, je débute ma carrière au début des années 90 en collaborant à différents titres de presse sur des sujets de société.

Ma première série, Nathalie conduite de pauvreté (1994-2001), est un huis clos photographique qui explore les rouages de la misère. À l’issue de ce travail, je ne veux pas m’enfermer dans un genre. J’ai besoin de nouveaux horizons, un papier de Maurice Lemoine me parle d’un territoire français où les lois n’existent pas, un Far West de légende.
J’atterris en Guyane en 2001 et découvre une société multiethnique cloisonnée. Je ne comprends pas, l’apprentissage va être long.

Ce travail m’entraine au Brésil, en Colombie, en Bolivie et au Suriname. Dans cette seconde série, Le pont des illusions (2002-2014), j’essaie de pénétrer dans quelque chose de très archaïque, dans une mythologie de ce qui anime l’homme, un espace où l’on poursuit sa quête au détriment des lois, de la nature et parfois de soi. Ce récit est avant tout celui de personnes sans réel autre choix de vie.
Texte de Christophe Gin