Cet article est extrait de Boukan n°04, actuellement en kiosque

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Dans le 101ème département, le confinement aura comme effet le plus notoire d’accentuer la fragmentation sociale. Avec d’un côté une jeunesse, régulièrement violente, face à laquelle une population exaspérée souhaite désormais répondre. Coup pour coup. 

“Ils ne comprennent que ça, il faut continuer à traiter ces vermines de la sorte sinon nous perdrons définitivement Mayotte”. Les vermines en question, ce sont les jeunes délinquants. Et la manière forte à laquelle fait référence Fahima, entourée d’une centaine de personnes réunies devant le palais de justice de Mamoudzou, le chef-lieu du département, n’est autre qu’une expédition punitive des plus violentes. Quelques jours plus tôt, trois pères de famille quinquagénaires ont enfilé leurs cagoules pour kidnapper un jeune homme et le tabasser dans la mangrove. À l’heure où nous bouclons cette édition, la victime est toujours portée disparue, laissant sa famille sans grand espoir de la retrouver vivante. Les trois adultes sont membres du Collectif de Petite-Terre, qui s’est mué pendant le confinement en groupe “d’autodéfense citoyenne”. Et devant le tribunal, ce soir de mai, les manifestants comptent bien faire entendre leurs voix, pour exiger la remise en liberté des deux premiers mis en cause alors entendus par le juge des libertés et de la détention. Pour Fahima comme ses camarades, le trio aurait agi en héros.


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