L’exposition Nuno Onoï, de Karen Paulina Biswell, nous invite à découvrir une des facettes cachées de l’identité et de la culture du peuple kali’na. Un regard métissé, une lecture risquée, une technique inspirée pour saisir et donner un sens au respect, à la dignité et à la fierté du féminin. L’exposition nous entraîne dans une compréhension de la relation intime entre fécondité et fertilité, telle que les valeurs de la société kali’na les ont transmises et les transmettent encore aujourd’hui, de génération en génération.
La force des images transcende la pureté de l’être humain, illuminée par une peinture corporelle vivace et vivante, source de vie issue du monde végétal. La lumière et les ombres sur les visages et sur les corps nous invitent à poursuivre dans cette harmonie et cet équilibre qui subliment la féminité.
Nuno Onoï n’est pas seulement la « dernière lune », mais bien la première lune du commencement et du début : comme le manioc, qui à neuf mois rythme le début du cycle de la vie des femmes.
Nuno Onoï est également une belle rencontre de l’intimité et de la pudeur. Point de mot, ni de parole, encore moins une exhibition humaine, mais une interrogation, un questionnement. À travers une reconstruction de nous-mêmes, du regard, de la réalité face la part de féminité qui existe en chacun de nous.
Enfin, cette belle exposition est un cheminement, une quête, un imaginaire qui forment et forgent, au quotidien, notre humanisme et universalité dans une constante recherche du respect de notre diversité et nos particularismes.

Texte de Félix Tiouka
Photos de Karen Paulina Biswell

Karen Paulina Biswell a partagé son enfance entre la France, pays dans lequel ses parents émigrent pour des raisons politiques, et la Colombie qu’elle découvre tardivement : elle est alors âgée de 13 ans. Son œuvre variée, qui conteste sans cesse la définition, traite de la vulnérabilité morale et de la destinée humaine. Elle s’engage à saisir les aspects moins connus de la vie contemporaine, les éléments invisibles et troublants de la société, en s’intéressant aux états extrêmes de la pensée et de l’expérience humaine. Née en 1983 à Aruba, elle vit et travaille entre Paris et Bogotá.